Aller chercher du bois. Cela
faisait bien longtemps que Klark n'avait pas entendu ces mots ailleurs qu'à
travers l'écran du soir, qui camouflait autant l'ennui que la réalité. Cette
petite expression lui avait réchauffé le cœur et fait trémousser la moustache.
Sur son chemin il entonnait à présent une chansonnette. Par n'importe laquelle,
celle qui en ville était un signe secret de ralliement. Ce n'était pas lebateau de la Méduse...Il était heureux et le périple ne faisait que commencer.
Pour avoir un peu de temps pour souffler ils avaient choisis de faire chacun leur ballade le temps de la récolte du combustible et Albert n'aimait pas cela. Il avait une ouïe peu commune qui lui faisait percevoir des sons que peu pouvait aspirer à entendre. Le crépuscule était un des moments les plus actifs dans la forêt et il le savait bien. Il avançait doucement, observateur, méfiant, retenant sa respiration au besoin, et toujours le dos courbé de façon à ne pas être détecté facilement. Son corps était tendu si bien qu'après cinq minutes il commençait à trembler doucement. Albert ne connaissait que trop bien tout cela. Des quatre membres de l'équipe il était probablement celui qui avait vu le plus. Il avait beau essayer tant bien que mal de se détendre, son corps refusait obstinément. Et cela depuis environ une dizaine d'année. Il n'essayait pas d'oublier mais ces souvenirs étaient d'une intensité telle qu'ils avaient marqué son corps tel un venin qui peux rester dans le sang des mois voire des années, et qui parfois, lorsque que la tension monte, peut se réactiver. En temps normal, il ne pensait pas souvent à tous ces détails. La phrase qui résonnait dans son crane chaque matin était celle prononcée par sa mère avant son départ: Va mon fils et ne te retourne pas. Nous t'attendrons là-bas. Il s'en était allé et se questionnait toujours sur le sens du là-bas. À l'époque, cela avait un sens précis. Au fur et à mesure des évènements un peu moins. La ville avait été rasée de la carte et Albert se demandait toujours si les mots de sa mère avaient été pensés pour être prémonitoires. C’était durant cette longue année de recherche qu'il avait appris à se méfier. Trop nombreux étaient les agences de voyages qui promettaient de partir sur les traces des disparus avec des fausses closes de "pas de papa retrouvé, voyage remboursé". Il s'étaient fait rouler par la machine marketing, s'était rebellé pendant le périple et avait fini par partir seul dans la Nature, tout mais ne pas rentrer à la ville gris et au petit boulot de nuit dans l'espoir de pouvoir voyager sur le lieu-dit. Maya. Y penser le faisait frémir de peur et d'excitation à la fois. Il en était venu à accepter les réactions de son corps et avait appris à évoluer dans la zone rouge. Il prenait appui sur sa pratique de l'apnée depuis son plus jeune âge pour savoir ce dont le corps était vraiment capable. Cette année passée loin de tout l'avait aguerri. Il était revenu avec des indices, des traces, et quelques séquelles. Cela faisait maintenant 5 longues années qu'il s'était tant bien que mal réconcilier avec la ville et des dédales de ruelles. Il avait gardé un cahier orange. Il lui arrivait de le feuilleter et d'essayer de comprendre. Qui était-il pendant ces temps sauvages, qu'avait-il découvert a Maya? Ce dont il était sur était la suite. Réveil sur un lit blanc avec cette étrange marque sur son bras droit. Et puis cette sensation, comme si l'espace qui s'étendait de son épaule gauche à la fin de ses dernières phalanges était mystérieusement difforme. 6.28cms de plus ou alors tel que son ami le matheux lui avait décrit cela, deux Pis. Il lui avait fallu du temps pour se sentir chez lui dans son nouveau corps qui se relevait après une dure chute et ces mémoires envolées. Sa famille, un oncle et une sœur, et ses amis semblaient différents. Le Monde lui semblait modifié. Les couleurs étaient plus intenses et les sons plus précis. Un peu trop pour être normal se disait-il. Il entendait et il voyait tellement plus que les autres. Il se demandait parfois la part de réalité dans ce qui semblait s'afficher autours de lui. Ainsi il voyait souvent cette paire d'yeux noir entourée d'une capuche grise le fixer. Il lui semblait s'agir d'une sorte de mini moine, un mètre de haut pas plus. Il était partout. Entre lui et ses amis au bar, le soir les pieds au plafond et la tête en bas, parfois même assis à côté de lui quand il prenait ses repas seul durant sa pause déjeuner. La vie l'avait touché il était devenu un autre homme. Loin des acrobaties et de l'arrogance de la vie à la télé ou tout est rose, propre et sans douleur, la vie l'avait touché. Il avait l'impression que les seuls qui le comprenaient été ceux comme lui qui avait vécu un traumatisme. Cela ne l'avait pas découragé, bien au contraire, il se méfiait simplement un peu plus. Et c'est ainsi qu'il était entré à l'Union pour la Nature. Il avait en effet compris que l'argent glané en ville ne lui permettrait sans doute jamais de pouvoir repartir, alors même si tout lui indiquait de ne pas rejoindre l'Union, c'était sa seule option.
Pour avoir un peu de temps pour souffler ils avaient choisis de faire chacun leur ballade le temps de la récolte du combustible et Albert n'aimait pas cela. Il avait une ouïe peu commune qui lui faisait percevoir des sons que peu pouvait aspirer à entendre. Le crépuscule était un des moments les plus actifs dans la forêt et il le savait bien. Il avançait doucement, observateur, méfiant, retenant sa respiration au besoin, et toujours le dos courbé de façon à ne pas être détecté facilement. Son corps était tendu si bien qu'après cinq minutes il commençait à trembler doucement. Albert ne connaissait que trop bien tout cela. Des quatre membres de l'équipe il était probablement celui qui avait vu le plus. Il avait beau essayer tant bien que mal de se détendre, son corps refusait obstinément. Et cela depuis environ une dizaine d'année. Il n'essayait pas d'oublier mais ces souvenirs étaient d'une intensité telle qu'ils avaient marqué son corps tel un venin qui peux rester dans le sang des mois voire des années, et qui parfois, lorsque que la tension monte, peut se réactiver. En temps normal, il ne pensait pas souvent à tous ces détails. La phrase qui résonnait dans son crane chaque matin était celle prononcée par sa mère avant son départ: Va mon fils et ne te retourne pas. Nous t'attendrons là-bas. Il s'en était allé et se questionnait toujours sur le sens du là-bas. À l'époque, cela avait un sens précis. Au fur et à mesure des évènements un peu moins. La ville avait été rasée de la carte et Albert se demandait toujours si les mots de sa mère avaient été pensés pour être prémonitoires. C’était durant cette longue année de recherche qu'il avait appris à se méfier. Trop nombreux étaient les agences de voyages qui promettaient de partir sur les traces des disparus avec des fausses closes de "pas de papa retrouvé, voyage remboursé". Il s'étaient fait rouler par la machine marketing, s'était rebellé pendant le périple et avait fini par partir seul dans la Nature, tout mais ne pas rentrer à la ville gris et au petit boulot de nuit dans l'espoir de pouvoir voyager sur le lieu-dit. Maya. Y penser le faisait frémir de peur et d'excitation à la fois. Il en était venu à accepter les réactions de son corps et avait appris à évoluer dans la zone rouge. Il prenait appui sur sa pratique de l'apnée depuis son plus jeune âge pour savoir ce dont le corps était vraiment capable. Cette année passée loin de tout l'avait aguerri. Il était revenu avec des indices, des traces, et quelques séquelles. Cela faisait maintenant 5 longues années qu'il s'était tant bien que mal réconcilier avec la ville et des dédales de ruelles. Il avait gardé un cahier orange. Il lui arrivait de le feuilleter et d'essayer de comprendre. Qui était-il pendant ces temps sauvages, qu'avait-il découvert a Maya? Ce dont il était sur était la suite. Réveil sur un lit blanc avec cette étrange marque sur son bras droit. Et puis cette sensation, comme si l'espace qui s'étendait de son épaule gauche à la fin de ses dernières phalanges était mystérieusement difforme. 6.28cms de plus ou alors tel que son ami le matheux lui avait décrit cela, deux Pis. Il lui avait fallu du temps pour se sentir chez lui dans son nouveau corps qui se relevait après une dure chute et ces mémoires envolées. Sa famille, un oncle et une sœur, et ses amis semblaient différents. Le Monde lui semblait modifié. Les couleurs étaient plus intenses et les sons plus précis. Un peu trop pour être normal se disait-il. Il entendait et il voyait tellement plus que les autres. Il se demandait parfois la part de réalité dans ce qui semblait s'afficher autours de lui. Ainsi il voyait souvent cette paire d'yeux noir entourée d'une capuche grise le fixer. Il lui semblait s'agir d'une sorte de mini moine, un mètre de haut pas plus. Il était partout. Entre lui et ses amis au bar, le soir les pieds au plafond et la tête en bas, parfois même assis à côté de lui quand il prenait ses repas seul durant sa pause déjeuner. La vie l'avait touché il était devenu un autre homme. Loin des acrobaties et de l'arrogance de la vie à la télé ou tout est rose, propre et sans douleur, la vie l'avait touché. Il avait l'impression que les seuls qui le comprenaient été ceux comme lui qui avait vécu un traumatisme. Cela ne l'avait pas découragé, bien au contraire, il se méfiait simplement un peu plus. Et c'est ainsi qu'il était entré à l'Union pour la Nature. Il avait en effet compris que l'argent glané en ville ne lui permettrait sans doute jamais de pouvoir repartir, alors même si tout lui indiquait de ne pas rejoindre l'Union, c'était sa seule option.