La voiture couinât une nouvelle fois,
de façon plus insistance, comme si elle voulait nous dire quelque
chose. Il fallu un troisième bruit pour alerter nos marcheurs et
lorsque Pauline se retourna c'était déjà trop tard. La voiture
était libre et dévalait la pente en direction du torrent.
« Le frein à main, bordel, le
frein à main ! » fit Albert, se parlant à lui-même, en
passant à toute allure devant Pauline. C'était trop tard, la
voiture plongea la tête la première dans l'eau glacée de la
rivière et disparut peu à peu en laissant les arbres des alentours
marqués de son passage. Après un silence gêné la conversation
explosa. Comment en était-on arrivé là, pourquoi Albert avait-il
oublié le frein? Voilà on aurait pas du le laisser conduire dix
heures d'affilés dans ces routes sinueuses, certes on voulais
arriver a temps mais bon, a quoi bon si on devait déjà faire
demi-tour. C'est Pauline qui finalement répondit à la question que
tous se posait .
« Mes amis, hier encore nous
étions en ville, dans nos appartements, dans nos villas, dans nos
piscines. Le signe s'est manifesté et nous sommes partis. Nous avons
suivis le chemin, bon gré mal gré, et nous voici maintenant au
début de la voie. Le futur est dans cette direction » Elle
montrait de la main le sentier serpentant a travers la vallée et
s’élevant sur le flanc de la montagne. Il faudrait le suivre pour
débuter l'aventure. Le groupe se mit en marche. Durant la première
demi-heure, seul les bruits des pas et le tintements des casseroles
brisait le silence de cette fin de matinée. Arnaud, décida
que c'était le moment opportun pour tester son système et décida
d’agréer la ballade d'une mélodie radieuse jouée à mi-volume.
Arnaud remarqua que des haies de cyprès marquait le bord du chemin
et bientôt ils arrivèrent à la lisière de la fôret.
Les sous-bois avait une odeur de sève
et la musique résonnait sur les troncs donnant un côté mystique
aux notes clairsemées. Les rayons de soleils filtraient a travers le
couvert feuillus et se reflétaient sur l'humidité du sol et des
fougères. Il était doux de se laisser bercer dans cette belle
journée qui ne faisait que commencer.
« C'est incroyable tout de même.
Elle était là et puis pouf disparue. Enfin je sais pas moi elle
datait de 1927, la dernière année. Peut-être même la dernière
tout court comment on le saurait....
- La voiture n'existe plus – remarqua
Arnaud.
- Ca y est tu es encore en mode yogi ou
je sais pas trop quoi, a faire genre on a rien mais on est content.
C'était mon trésor, tu sais combien de thunes j'y ai passé ?
Et les pâtes au beurre a se farcir pour un phare...A lala elle ne
m'aura pas donné une vie facile tiens. Elle se croyait tout permis
c'est moi qui vous le dit. Au fond, elle l'a sûrement méritée.
Peut-être même que je l'ai fait un peu exprès, je me rappelle plus
très bien. - il se grattait la tête.
- Bon on va pas en faire des salades de
ta voiture – dit l'un.
- Une de perdue zéro de retrouvée, tu
verras on est bien mieux comme ça. Et puis c'est ce que l'on s'était
dit non ? On se débarrasse de l'inutile au fur et à mesure.
- Enfin moi j’espère qu'on va pas
finir à poil quand même, je sais ce que l'on a dit mais bon...
- Shhhhhh » .
Pauline était arrêtée le poing en
l'air. Il fallait faire silence.
Et depuis le fond des bois ils
entendirent comme un chuchotement. D'abord peu distinct, et au fur et
à mesure que les secondes s'écoulaient c’était de plus en plus
clair : le ruisseau ne pouvait plus être loin. Le chant de
l'eau sur les roches plates arrivait maintenant comme une pensée,
invisible mais si intense. Klark se frottait la moustache en fronçant les sourcils. Il semblait que cette étrange moue lui permettait de
se concentrer mieux et plus vite qu'aucun, Il fallait choisir. Le son
semblait provenir d'un endroit directement au-dessus d'eux tandis que
le chemin allait vers ce qui semblait être l'entrée d'un passage
ciselé par des humains. Fallait-il grimper en s'aidant des lianes au
besoin ou poursuivre sur le sentier ? La moustache donna son avis.
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